Que signifie développement personnel?
Je traduis cette expression par l’attitude de l’individu qui se remet en question car il croit le changement personnel possible. La plupart des gens, pourrions-nous dire, travaillent sur leur développement personnel, en ce sens que tout le monde désire changer quelque chose en lui et s’y prend d’une façon ou d’une autre. Certaines personnes s’y attèlent plus systématiquement et plus sérieusement et parmi elles certaines recherchent une aide particulière auprès de praticiens et de techniques particulières.
Je considère que tout adulte a la possibilité de se libérér jusqu’à un certain point des conditionnements qui rendent son adaptation à la vie plus difficile qu’elle ne devrait l’être. Ce sentiment d’insatisfaction est le point de départ nécessaire. Une certaine insatisfaction persistante de notre manière d’être et de gérer notre vie doit être présente, qui nous poussera à chercher des solutions pour la surmonter. Il est clair que nous ne pouvons pas faire grand chose directement pour changer le monde ou les autres, mais nous pouvons faire beaucoup pour changer nos propres réactions dans un environnement donné.
Des solutions existent. De nos jours, ce ne sont ni les psychothérapies ni les techniques de développement personnel qui manquent. Ce n’est pas mon propos que de comprendre le pourquoi de cette prolifération, force nous est de constater que la demande existe et que malaise il y a dans notre société occidentale moderne, ou peut-être est-ce simplement l’évolution normale de l’humanité qui devient plus consciente de ses possibilités d’action sur elle-même.
Pour ma part, je me contenterai de dire que c’est dans la nature humaine que de rechercher le bonheur. Ce bonheur dépend du degré de notre connaissance de nous-mêmes qui nous permettra de bien, mieux ou moins bien, réagir aux circonstances de la vie. Dans un premier temps, la connaissance de soi passe par un stade d’observation de soi exempte de jugement, une observation totalement impartiale et objective. Cette observation est difficile car dans la vie toutes nos actions sont accompagnées de réactions corporelles, de schémas neuromusculaires qui sont associés à ces réactions et qui nous les font percevoir comme normales, même si leurs conséquences sont désastreuses. Nous sommes tellement inconscients de ces schémas corporels que nous répétons les mêmes faiblesses et les mêmes erreurs interminablement. Nous décidons de ne plus recommencer et pourtant quelque chose en nous qui nous échappe nous fait faire exactement la même chose que d’habitude sans que nous comprenions pourquoi, malgré toute la bonne volonté que nous y mettons.
Ce ‘quelque chose’ qui se met dans notre chemin peut notamment se manifester sous la forme de schémas habituels de tensions excessives que le professeur de Technique Alexander peut essayer de vous faire prendre conscience. Il s’agira d’apprendre à ne plus permettre à ces schémas de s’installer et surtout de ne pas leur permettre de s’associer à la réaction que nous voulons changer. Ce n’est facile pour personne de faire exactement ce que nous avons décidé de faire quand il s’agit d’une décision contraire à nos habitudes, mais cela devient impossible si les tensions excessives habituelles dans le cou et les épaules en particulier restent présentes lors de l’exécution d’une décision; d’un mouvement ou d’une réaction prévue ou imprévue.
En nous libérant de ces tensions excessives, nous nous donnons progressivement la possibilité de devenir plus présents à nous-mêmes et de mieux prendre conscience de l’état réel dans lequel nous sommes lorsque nous devenons victimes de nos faiblesses et de nos habitudes. Avec de la pratique, nous finissons par reconnaître les signes annonciateurs de nos comportements indésirables et avons ainsi plus de chance de pouvoir les neutraliser.
Lorsque nous réussissons à garder le corps en expansion libre et à maîtriser les contractions indésirables, les mécanismes qui rendent l’application de nos décisions difficiles sont mis à nu et nous apparaissent dans toute leur vérité. L’on peut dire que nous avons fait un grand pas en avant lorsque nos ennemis intérieurs ne sont plus invisibles et qu’une rééducation consciente de nous-mêmes peut commencer, sans peur d’être surpris par ce qui est pourtant habituel en nous et en possession de procédures pratiques pour créer des conditions de réaction différentes.