Au cours des séances l’élève apprend à se donner des instructions mentales avant, pendant et après le mouvement pour neutraliser la tendance habituelle de bouger d’une manière inappropriée et néfaste.
Les séances sont souvent partagées entre une période de travail debout et en mouvement, et une période de travail couché sur une table dans une position précise.
Le travail debout et en mouvement
Au cours des premières leçons, le professeur vérifie comment l’élève se tient debout, s’asseoit et se lève. L’élève, quant à lui, apprend à accepter les ajustements et les manipulations du professeur sans intervenir dans l’exécution des mouvements. Il apprend ainsi à inhiber l’intention d’exécuter un mouvement ou le désir d’anticiper les instructions manuelles du professeur pour empêcher toute activité neuromusculaire indésirable afin que le professeur puisse apporter les changements nécessaires à une meilleure perception de soi.
En même temps, l’élève apprend à se donner des directions mentales qui vont permettre à son corps de s’organiser convenablement et éviter qu’il ne s’affaisse ou ne se raidisse au moment du changement de position ou lors de la préparation ou de l’initiation d’un mouvement. Ce sont ces durections mentales qui permettent l’intégration progressive d’une manière nouvelle de s’utiliser.
Enfin, l’élève apprend à accepter les sensations différentes de celles qu’il connaît habituellement, physiques ou autres qui peuvent se manifester lorsque le corps est utilisé autrement et à ne pas réagir à la peur de l’inconnu qui en découle au risque de retourner dans ses habitudes de mouvement et d’utilisation de soi.
Finalement, l’élève apprend à ne pas rester figé dans les nouvelles expériences, mais à cultiver une attitude ouverte qui lui permettra de recréer à volonté les conditions nécessaires à son adaptation au changement après les leçons, dans sa vie quotidienne, professionnelle, artistisque ou sportive.
Lorsque ces trois procédures sont suffisamment bien assimilées (inhibition- direction- acceptation), il devient possible de s’occuper d’applications particulières ou de gestes plus précis, liés soit à douleur, soit à des difficultés d’exécution ou de réaction.
En redirigeant sa manière habituelle d’être dans ses mouvements et ses réactions, l’élève apprend à reconnaître et à ressentir les schémas qui diminuent son efficacité, augmentent les tensions ou le stress et qui peuvent être ou devenir la source de douleurs. Il apprend progressivement à inhiber ses habitudes néfastes et à créer des conditions dans son organisme permettant une plus grande liberté de contrôle de ses mouvements et de ses réactions.
Un nouveau contrôle et usage de soi – plus physiologique et plus conforme aux possibilités du moment de la personne concernée – dans les activités simples de la vie quotidienne constitueront la base nécessaire avant de s’adresser à des activités plus complexes telles que jouer d’un instrument de musique, améliorer sa technique au golf ou au tennis, ou des activités plus stressantes comme s’exprimer en public ou rester assis de longues journées devant l’écran d’un ordinateur. L’élève apprendra également à découvrir tout seul en dehors des leçons au cours de ses activités ce qui cause ses inefficacités ou ses douleurs.
Le but de la Technique Alexander étant d’apprendre à bouger et à réagir mieux en toute activité, mieux voulant dire autrement, il est capital de travailler les yeux ouverts, et d’apprendre à rester le plus conscient possible et le plus vigilant possible au cours des séances.
De ce point de vue, il est clair que le but n’est pas de rechercher une détente qui deviendrait facilement un relâchement. En d’autres termes, une séance de Technique Alexander n’est pas une séance de relaxation, même si elle débouche souvent sur une réelle sensation de bien-être.
Ce n’est pas une séance d’exercices ou de mouvements physiques non plus, car la répétition de mouvements n’est pas une garantie de leur bonne exécution. Pourtant; les séances peuvent être fatiguantes, en partie parce que le corps est amené à bouger autrement et en partie à cause de l’attention différente qui est exigée pour conduire à la mise en place des conditions pour une redistribution du travail musculaire.
Malgré l’intérêt que la Technique Alexander porte à l’individu en tant qu’être psychophysique unique et total, son passé psychologique n’est pas passé au crible, le point de départ de l’exploration de soi étant sa capacité du moment à diriger son attention vers un meilleur équilibre et une meilleure coordination. Le travail commence et recommence toujours ici et maintenant, pour aborder l’instant suivant autrement, dans de meilleures conditions de perception et de contrôle de soi.
En fin de compte, il s’agit de développer la capacité innée à se réguler consciemment pour empêcher toute mauvaise habitude de se mettre en place à notre insu.
Le travail sur la table
Une partie de la leçon est souvent consacrée au travail sur la table où s’allonge l’élève pendant que le professeur s’occupe de défaire les tensions résiduelles dans son corps. Les schémas de pensée et de tensions neuromusculaires habituels sont effectivement plus aisément accessibles et défaits dans cette position couchée.
Le professeur utilise ici la même forme de manipulations douces que celles utilisées en mouvement. Ce sont des manipulations absolument non invasives, qui ne forcent aucunement au mouvement, mais invitent plutôt le système nerveux à préférer des changements musculaires qui conduisent à une meilleure perception de soi en permettant au corps de se dénouer, plutôt que de rester prisonnier des tensions habituelles néfastes.
De plus, les changements que le travail Alexander debout apporte peuvent plus facilement être assimilés par l’organisme dans cette position où l’élève ne peut retourner aussi promptement dans ses schémas habituels.
Dans la position couchée, l »élève n’en est pas passif pour autant , en ce sens que même s’il se laisse faire, il reste très présent à lui-même pour permettre le travail du professeur. Cette présence est la garantie de l’assimilation des changements qui ont lieu dans le corps de l’élève. L’élève est présent durant les changements qui ont lieu sans résistance.
L’élève apprend à se coucher lui-même dans cette position en dehors des leçons. La pratique régulière de cette position apporte de réels bénéfices. Le corps de l’élève apprend à se « donner » sur une surface dure, les muscles autour de la colonne vertébrale se détendent et libèrent les disques intervertébraux. C’est une position qui régénère si elle est pratiquée régulièrement. De plus elle permet de retrouver ses références lors de périodes de stress ou de grande fatigue.